Les pionniers
Tout commence véritablement en 1903 avec la fondation par Hector Hodler de l’Union des jeunes espérantistes de Genève, puis du Groupe espérantiste genevois par Edouard Mallet (ce dernier fondera en 1912 une autre société locale, le Nouveau club espéranto). Cette même année 1903, le conseiller d’Etat Thiébaud, lui-même espérantiste, représente le gouvernement genevois lors de la fondation à Rolle de la Société suisse d’espéranto (SES).
L’année suivante, Edmond Privat et Hector Hodler publient la revue La Juna Esperantisto, qui paraîtra jusqu’en 1909. 1904 voit également la fondation du Club Radio (présidé par Alf. Monod), destiné aux jeunes de 13 à 18 ans.
En 1905, au retour du 1er Congrès international des espérantistes, Zamenhof et sa femme Klara passent par Genève, où ils logent à la rue du Vieux-Collège chez Théodore Renard, secrétaire de SES et rédacteur de la revue Svisa Espero. Une plaque commémorative rappelant cette visite y sera apposée en 1934 à l’initiative d’Edmond Privat et de Pierre Bovet (cette plaque sera d’ailleurs rénovée en 1984, puis déplacée en 2009 en présence du maire de Genève). 1905 voit également la fondation de 2 sociétés locales : la Société d’espéranto La Stelo (« L’Etoile »), fondée et présidée pendant 16 ans par Henri Dubois (dont la fille prénommée Stella restera membre pendant plus de 50 ans) ; ainsi que le Groupe espérantiste de Carouge, fondé par Mlle E. Damont-Pichat.
Le 2e Congrès international des espérantistes se tient donc en 1906 à Genève – au Victoria Hall – avec 818 participants ; Privat en est le secrétaire général. Durant le congrès est fondée l’Association internationale scientifique d’espéranto qui ouvre un bureau à la rue Bovy-Lysberg ; René de Saussure, secrétaire de l’Association, est également rédacteur de l’Internacia Scienca Revuo de 1907 à 1910. En 1906 toujours paraît le premier « Manuel pratique de l’espéranto » d’Edmond Privat ; suivis en 1909 par « Karlo » et en 1911 par « Kursa lernolibro », les manuels de Privat seront adaptés en plus de 10 langues.
En 1907, Hodler reprend la rédaction de la revue Esperanto (fondée l’année précédente), qu’il conservera pendant 13 ans. Cette année-là, René de Saussure publie le premier de ses 9 projets de réforme de l’espéranto (il fera paraître le dernier en 1937). Mais il publie aussi en 1910 « La construction logique des mots en Espéranto », ouvrage fondamental dans lequel il présente sa théorie scientifique de la formation et dérivation des mots en espéranto (après l’avoir rejetée en 1913, l’Académie de l’espéranto finira par officialiser cette théorie en 1967). De Saussure sera également président de SES (1908-1911 et 1915-1917), ainsi que rédacteur de Svisa Espero (1909-1910 et 1916-1918).