Un beau livre sur Hector Hodler

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Nous revenons sur Hector Hodler, après l’article Nouvelle époque, nouvelles méthodes, cette fois pour saluer la publication d’un livre bienvenu et très agréable à lire consacré au jeune visionnaire qui a fondé l’UEA, l’Association universelle d’espéranto: Hector Hodler, une posture pacifiste / Pascisma sinteno, de Marine Englert, Institut Ferdinand Hodler / Editions Notari 2020.

Un projet rondement mené

Basé sur la correspondance d’Hector Hodler et d’autres documents légués par sa veuve à sa mort, le livre a deux particularités inhabituelles et très intéressantes. D’abord il est bilingue français-espéranto, ce qui sera, à n’en pas douter, apprécié par un large public. Ensuite il consiste en quatre éclairages du même sujet, le pacifisme d’Hector Hodler au début du XXe siècle, quand l’Europe se prépare puis s’engage dans ce qui sera la première guerre mondiale. Quatre auteurs ont en effet traité ce sujet, se complétant l’un l’autre, ce qui donne un résultat particulièrement intéressant.

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C’est Marine Englert, 28 ans, qui signe ce livre. La jeune historienne de l’art a fait des études en Lettres à Neuchâtel, terminées par un Master en Études muséales en 2017, une formation qui lui a permis de rejoindre l’équipe des Archives Jura Brüschweiler, (qui allaient devenir peu après l’Institut Ferdinand Hodler).
On lui confie le projet d’inventorier les archives d’Hector Hodler, le fils du célèbre peintre suisse, et surtout extraordinaire figure du mouvement espérantiste, en attente de traitement depuis leur arrivée dans la collection des Archives.

Au même moment, Mireille Grosjean, la co-présidente de la société suisse d’espéranto, se demandait comment on pourrait bien célébrer, en 2020, le centenaire de la mort d’Hector Hodler. Au fil de ses recherches, elle découvre les archives Jura Brüschweiler et le travail en cours de Marine Englert. C’est suite aux premiers contacts entre les deux chercheuses que l’idée de l’ouvrage émerge, rencontre entre la volonté de commémorer le centenaire de la mort d’Hector Hodler et celle de mettre en lumière le contenu des archives.

Le projet prend corps rapidement. Trois historiens spécialistes de Hodler ou de cette période sont d’accord de contribuer à la rédaction du livre avec Marine Englert. Mireille Grosjean en supervisera la traduction, assurant l’essentiel de celle-ci elle-même. Un grand bravo donc aux deux chevilles ouvrières de ce livre et à tous ceux qui les ont aidées.

Le sujet
Le sujet du livre nous semble d’un intérêt majeur, car il repose la question de départ – mais toujours d’actualité – du mouvement espérantiste, tiraillé entre une posture idéologique selon laquelle l’espéranto n’est que le vecteur au service de la cause, et une posture exclusivement linguistique, qui ne veut considérer l’espéranto que comme une langue.

Une grande lacune est ainsi comblée avec ce livre qui non seulement fait revivre Hector Hodler, un homme extraordinaire disparu alors qu’il n’avait que 33 ans, mais pose à nouveau la question de savoir si la voie qu’il préconisait, celle du pacifisme avec l’espéranto comme langue de communication internationale, ne devrait pas être réactualisée, tant elle semble pertinente avec le recul d’un siècle d’histoire.